Au moment de choisir les trois premiers jeux qui accompagneraient ma redécouverte Game Boyesque la semaine dernière, mes yeux ont lorgné sur cet étrange opus. Super Mario Land 2. Ce nom éveillait en moi un sentiment de malaise aussi inconfortable que séduisant. Je savais que j'y avais déjà joué étant tout petit, mais j'étais incapable de me souvenir du moindre niveau, de la moindre musique. L'âge est sans doute à prendre en compte, j'avais botté du Wario dans ma toute jeune enfance... ou bien ce jeu serait-il maudit ? Une étrange malédiction que ferait qu'une perle pareille tomberait dans les méandres de l'oubli une fois terminé ?
Un saut effectué et la musique, les niveaux, l'ambiance générale du jeu ont envahi ma mémoire, me rappelant à quel point ce jeu m'effrayait 20 ans plus tôt . Ce jeu me faisait vraiment peur, et je ne comprends toujours pas pourquoi. Peut-être est-ce l'ambiance complètement barrée de ce jeu, où une carotte vous fait pousser des oreilles de lapin sur la tête ? Ou peut-être est-ce le fait de nager dans du gras de baleine, où le corps de la pauvre créature, en plus de contenir monstres et merveilles, était transpercé de toutes parts par des piques acérées ? A moins que ce soit le thème musical de la macro zone... Quoiqu'il en soit, ce jeu me foutait les boules quand j'étais petit. Pourquoi pas après tout ? Il y a bien des adultes qui ont été traumatisés par l'Alice au Pays des Merveilles de Disney. Super Mario Land 2 n'est pas moins bizarre. Loin de là !
Un pas de géant
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Super Mario Land 2 ne ressemble pas à son grand frère ! Super Mario Land premier du nom marque de par son traitement graphique particulier, où tous les éléments sont si minuscules sur votre écran déjà fort petit que tuer un Goomba recquiert déjà une dextérité assez violente ! Le second revêt pour l'occasion la même robe que Super Mario Bros 3 et on ne va pas lui en vouloir ! Super Mario Land 2 reste aujourd'hui encore un délice pour les yeux, pour autant que l'on soit un minimum réceptif au charme rétro des jeux Game Boy. Succédant un opus minimaliste, Super Mario Land 2 préfèrera se parer de ses plus beaux atours. Chaque niveau est l'occasion d'une identité visuelle propre et les décors sont souvent très soignés. Il n'existe sans doute pas un monde moins riche qu'un autre, et même au sein d'un même monde, les niveaux se suivent mais ne se ressemblent pas.
La musique de cet opus, entêtante au possible marque également les esprits, à se demander comment certaines mélodies ont pu sombrer dans l'oubli aussi facilement... Qu'il s'agisse des mini-niveaux bonus ou de l'entrée du château de Wario, l'ambiance y est profondément marquée.
Des idées de gameplay incroyable...ment enterrées...
Le monde de Super Mario Land est divisé en autant de mondes qu'il y a d'idées de gameplay. A l'instar d'un niveau aquatique, les niveaux spatiaux sont prétexte à des labyrinthes dangereux, où les étoiles ne sont, pour une fois, pas des alliées. Dans la Turtle Zone, on s'englue au gras de la bête comme au miel de la Tree Zone. La fleur de feu a ses propres blocs destructibles, les pièces servent à jouer à la tombola et chaque monde croûle sous les passages secrets... Super Mario Land 2 est un déluge d'idées nouvelles dont la plupart, bien que géniales, ne seront pas réutilisées par la suite, à mon grand regret.
Chaque monde, qui peut se boucler assez vite, se termine par un ultime petit challenge : atteindre l'inatteignable grelot qui vous fera accéder à un petit bonus souvent inutile mais qui gonfle votre fierté de gamer. En effet, même avec 99 vies et les meilleurs power-up, rares sont les joueurs qui se satisferont d'une banale porte de sortie. Le jeu étant assez peu frustrant, on ne boude que rarement un mini-défi supplémentaire...
Un jeu presque facile...
Une fois le premier monde passé, Mario est laché sur une carte du monde où il se balade à sa guise. A lui de choisir ses niveaux, presqu'aucune contrainte ne vient nous barrer la route. De plus, chaque monde, bien qu'incroyablement riche, se contente de quelques petits niveaux qui peuvent être finis très rapidement. Et ce ne sont pas les vies supplémentaires incroyablement faciles à gagner (une tombola à la fin du jeu permet de gagner jusqu'à 50 vies d'un coup) qui vont nous mettre des bâtons dans les roues ! Ca serait oublier le dernier niveau, qui comparé à la facilité de ses successeurs est une ôde au sadisme. Le château de Wario est une vraie calamité. Entre les bains de lave qui vous tuent d'une seule fois (logique...) ou les multiples boss que vous devrez vous payer avant le générique de fin, cet unique monde mérite à lui seul les centaines de vies que vous aurez accumulées tout au long de l'aventure... Pour le coup, on aurait espéré un meilleur équilibre entre la facilité certaine de la plupart des niveaux (beaucoup de mondes, une fois le power-up Carotte en poche, peuvent se passer en une dizaine de secondes) et le défi que représente à lui seul ce dernier challenge.
Super Mario Land 2 est haut, haut dans le pathéon des opus les plus zarbi de l'univers Mario. Ce jeu grouille d'idées nouvelles et se laisse jouer agréablement aujourd'hui encore. Mais alors pourquoi tout le monde semble l'avoir oublié ? Pourquoi ses musiques ne sont plus jamais la cible de covers de fans ou que les idées de gameplay n'ont jamais quitté ce jeu ? Est-ce du à l'absence de Miyamoto ? Toujours est-il que ce jeu qui m'avait autant marqué enfant a complètement disparu de mon esprit une fois devenu gamer aguerri. Mais cela m'aura permis de redécouvrir ce jeu à part, légèrement différent et continuellement jouissif à prendre en main.